En pays Sénoufo, particulièrement chez les Nafara, un sous groupe localisé dans les sous-préfectures de Sinématiali, Napiélédougou, Karakoro et Komboro, le mariage en plus d’être une union entre un homme et une femme, est une alliance entre deux familles.
Comment célèbre-t-on cette union ? Cette question trouvera une réponse dans les lignes qui suivent.
I – Les différentes étapes du mariage.
Deux situations se présentent :
• La méthode traditionnelle de base,
• La méthode influencée par le modernisme.
1. La méthode traditionnelle de base.
* La demande de la main
Proposition de la famille maternelle
Le senoufo a un régime de succession matrilinéaire où l’enfant appartient à la mère et de fait à la famille maternelle. Les oncles maternels décident de tous ce qui le concerne
Le mariage ici de présente comme une alliance entre deux familles. Une famille A par l’intermédiaire du chef de famille appelé NERGBAGUI FOLO charge une tante maternelle de trouver une fiancée, qui soit respectueuse des coutumes, de bonne moralité et courageuse, à un neveu. Après enquête, elle propose des noms de jeunes filles en tenant compte de la renommée et des critères de la femme idéale précédemment cités. Le chef de famille après concertation décide de qui sera la fiancée du neveu. Dès cet instant, une délégation d’environs sept personnes maximum, est chargée de couper chacun un gros tronc d’arbre comme bois de chauffe qu’elle ira donner à la famille B (famille de la fille à fiancée). Le jour du dépôt du bois de chauffe, la famille B demande le motif pour lequel tout cet honneur à son égard.
Le bois de chauffe coutumièrement parlant représente une marque de considération pour qui le reçoit. La délégation par son porte parole qui doit être un sage (généralement un homme du troisième âge doit avoir la maîtrise de la parole (proverbe) demande la main de la fille pour le neveu.
La famille B répond en retour qu’elle avisera le chef de famille (même s’il est) question de pouvoir mener une enquête sur le prétendant et sa famille afin de déterminer s’il est l’homme idéal pour leur fille.
La délégation repart avec une invitation à revenir pour avec une réponse dans les deux semaines qui suivront. Si la réponse est positive alors s’en suit la formalisation de l’alliance.
Proposition de la famille paternelle
Le père avec le consentement de son chef de famille peut décider de donner une femme à son fils. Il choisit parmi ses nièces ou cousines celle qu’il juge idéale et lui fait la proposition de mariage. Il s’agit ici de mariage en famille. Une telle femme devient sacrée à tel enseigne qu’un divorce n’est pas autorisée quel que soit le mobil. En cas du décès du mari, elle reste dans la famille par lévirat c’est-à-dire accepter de prendre le petit ou grand frère, neveu ou oncle maternels du défunt mari pour époux sans tenir compte de l’écart d’âge avec tout ce que cela sous entend. La célébration de ce mariage se fait dès l’âge de la puberté. Des offrandes sont faites aux morts en vue de sceller l’alliance par le sang. Un ou plusieurs poulets et pintades sont égorgés en sacrifice et servis en dîner aux époux.
* Formalisation de l’alliance
La famille du prétendant est priée de faire une manifestation d’intérêt. Alors, un gros panier de grain de maïs, un morceau de savon, un complet de pagne, 5000 Fcfa pour la couture et de la pommade sont offerts par le prétendant.
Par ailleurs, les fiancés ont obligation d’aider chaque année aux travaux champêtres en alternance leurs belles familles maternelles et paternelles. Cette aide se fait en une journée en compagnie de classe d’âge et chaque année jusqu’à ce que les fiancées soient en mesure de vivre ensemble. Cependant durant les journées d’aide, la belle famille du fiancé restaure et donne 25 Fcfa et 100 Fcfa symboliques respectivement à chaque membre de la délégation et au fiancé.
Quant à la femme, sa belle famille restaure la délégation et donne à la fiancée un panier de maïs, une somme de 1000 Fcfa symbolique. Le fiancée doit lui offrir un complet de pagne chaque année avec 5000 Fcfa pour les frais de couture cela jusqu’à ce qu’elle habite avec lui.
* La Réunion du couple
A l’âge de la puberté, lorsqu’on constate que la fiancée est en âge de procréer, le fiancé avise le chef de sa femme maternelle dans l’optique de vivre avec sa femme. Ce dernier en informe le père avant d’envoyer une délégation en compagnie du facilitateur demander le rapprochement des conjoints. La belle famille se concerte et en réponse dit qu’elle avisera le chef de famille le temps de dénombrer le nombre d’animaux (poulet, soit pintade, soit cabri, mouton ou boeuf) à offrir aux ancêtres pour que l’union soit solide, durable et féconde. La délégation est invitée à prendre la réponse dans 2 semaines maximum. Le fiancé se charge par la suite à fournir les animaux. Les rituels faits une semaine après, le fiancé revient cette fois seul la nuit prétextant venir récupérer « la cage à poulet ». Gîte et couverts lui sont offert dans la case de la fiancée qu’il aura préalablement construit deux mois en avance : c’est sa première nuit avec sa fiancée où le mariage est consommé. De retour chez lui, il en informe son meilleur ami qui à son tour est chargé d’informer le chef de famille que le mariage est consommé. Sa fiancée est devenue sa femme. Il est donc libre de revenir chez sa femme autant que faire se peut. Un an après, il demande au chef de famille de sa femme de lui accorder la possibilité que sa femme vive avec lui dans son village. Cette délégation se compose de son meilleur ami et lui. S’il a l’accord, sa femme part le rejoindre chez lui.
2. Méthode influencée par le modernisme
Dans cette méthode, le choix ne s’impose pas au jeune homme. Il opère son propre choix et informe sa famille paternelle qui est chargée de faire les démarches (demande la main, la formalisation et le mariage). Le processus est plus accéléré car ici soit de quelqu’un qui va à l’aventure, soit de quelque qui veut célébrer un second mariage après le premier fait selon la méthode traditionnelle de base. Après le cadeau du bois de chauffe, on traduit l’aide et les animaux en valeur financière (environ 20 000 Fcfa) et tous les autres dons sont en nature (au minimum 02 complets de pagne ; des vivres comme indiqués plus haut). Cela fait, le fiancé dispose les jours qui suivent de sa femme.
source: http://maliret.blogspot.fr; http://www.ivoireculture.net