Pratique maintes fois dénoncée, autant par les professionnels de la santé que par nos pairs.

La dépigmentation est devenue ces dernières années un véritable phénomène dans notre communauté. Outres les graves conséquences sur notre peau, ne devrions nous pas nous interroger sur les différents problèmes que cela engendre, tant au niveau psychologique que social ?

Etat des lieux de cet engouement, faisant des ravages dans nos contrées.

Origine.

Le blanchissement de la peau serait donc apparu dans la communauté afro dans les années 60. La peau claire était synonyme de richesse sociale et matérielle, et, découvrant les vertus éclaircissantes de certains produits, les femmes ont peu à peu commencé à les utiliser afin de se blanchir le teint.

Depuis, de nombreux produits éclaircissants sont peu à peu apparus sur le marché, entrainant des dommages terribles sur la peau. D’autres types de produits ont fait leur entrée récemment, tels que les injections.

De la jeune adolescente, puis les stars, en passant par  la mère de famille, cette course à la peau claire est devenue de plus en plus banalisée. Au Sénégal par exemple, 75% des peaux claires sont en fait des produits de la dépigmentation volontaire. Et à présent, même les hommes sont touchés par ce phénomène.

Quelles  sont donc les raisons poussant ces personnes à renoncer jusqu’à sa santé afin d’avoir une peau plus claire ?

Hypothèses

- « Je m’éclaircis le teint parce que je veux être belle/je veux trouver un mari /les hommes n’aiment pas la peau foncée et préfèrent les métisses » est l’argument le plus utilisé par les gens recourant à ces pratiques.

La pression des médias ?

Nous ne pouvons le nier : le modèle de beauté véhiculé dans les média présente souvent des femmes de type caucasiennes, ou alors des femmes noires dont la peau est très claire.

Ne parlons pas des polémiques sur certaines célébrités afro dont le teint a été éclairci. : Beyoncé, Rihanna ou encore Nicky Minaj ont souvent fait l’objet de critiques. Cependant, la situation ne semble pas vouloir changer et malgré les protestations, ce type de beauté reste encensé par les médias, au détriment des beautés typiquement afro. Comment accepter son teint lorsqu’il n’est pas reconnu clairement comme étant beau, ou alors stigmatisé ? Que faire lorsque des célébrités elles-mêmes font  la promotion de ce type de produits ?

Une affaire récente a effectivement fait couler beaucoup d’encre.

Une star d’origine Camerounaise, Dencia de son nom de scène, aurait mis au point une crème, appelé Whitenicious, censé éradiquer les tâches en blanchissant la peau. Bien que l’argument « avoir un teint unifié » est sans cesse déclamé par la chanteuse, les photos parlent d’elles-mêmes : son teint s’est éclairci de manière choquante.

La pression sociale ?

Les médias ne sont pas les seuls à faire pression. Nous ne comptons plus les personnes ayant subi des railleries par leurs proches (« tu es noir comme du charbon »), des hommes qui pousseraient leurs femmes à s’éclaircir la peau, ou alors un complexe de supériorité de la part des individus à peau claire/métissées. La nature humaine voulant se faire accepter par la société pousserait-il ces personnes à succomber et à se blanchir le teint ? Il ne serait donc pas étonnant que certains se laissent vaincre par cette atmosphère et tombent dans ce mouvement.

Un des résidus de la colonisation ?

Le poids historique peut également jouer. Après des siècles d’esclavage puis la colonisation, il n’est pas surprenant que cela puisse laisser des traces profondes dans le peuple Noir. L’une de  ces conséquences est le complexe d’infériorité du Noir par rapport au Blanc, trop souvent ancré dans les mentalités de certains. Le Noir aurait donc un peu honte d’être Noir, et cela pourrait donc passer par sa carnation qui a été pendant des siècles insultée, méprisée et haïe. Cette situation peut-il expliquer le fait de ne pas assumer son teint ?

Les conséquences.

Le constat est tragique : onochronose exogènes (peau claire avec zones plus foncées) – irréversible ‑, vergetures, problèmes de cicatrisation, eczéma, hyperpilosité, acné… Les complications cutanées, plus affreuses les unes que les autres, ne semblent pourtant pas freiner le recours à ces produits. Malheureusement, quand les effets indésirables poussent enfin ces personnes à consulter, il est déjà trop tard.

Quelles conséquences au niveau de la psychologie ambiante ? Nous n’aimons pas ce que nous sommes ? Nous n’aimons pas notre carnation telle que la création nous l’a donné ? Comment changer les mentalités si nous contribuons à ce déni de notre teint ? Quelle image donnons-nous de nous-mêmes ?

Mais une part d’optimiste subsiste : des campagnes sont menées de manière active, et avec l’éveil des consciences, on a moins de gens qui s’adonne à la dépigmentation. Il est donc important d’ouvrir les yeux sur ce que s’éclaircir la peau véhicule comme image sur la communauté afro, sur le peu qu’elle y gagne, et surtout ce que cette communauté y perd chaque jour.

« C'est évidemment révélateur à mon avis qu'un modèle s'est imposé (sans même l'avoir voulu) celui de la peau blanche, yeux clairs, cheveux lisses.
En Europe aussi la pâleur a longtemps été synonyme de réussite : quand on ne travaille pas aux champs on garde un teint de lait !
Je suis effarée par le nombre de personnes, des femmes surtout, qui abdiquent. Etre "différent" ça n'est pas facile mais aujourd'hui (la mondialisation n'a pas que du mauvais). On est tous habitué à voir et apprécier des morphotypes différents.
Je suis blanche, j'ai les yeux clairs, les cheveux raides (pas lisses !): je trouve que les yeux en amande sont pleins de charme et que les asiatiques ont les plus beaux cheveux possibles, j'aime les coupes afro bien courtes (avec des grandes créoles dorées ou un rouge qui claque c'est vraiment chic !), il me semble que souvent les femmes d'origine africaine ont un port altier, un long cou...Aïssa Maïga est superbe, Michelle Yeoh et Gong Li aussi... Je trouve que l'on peut être séduisant de bien des manières et que vouloir d'une part être reconnu pour ses origines, sa culture et d'autre part se transformer brutalement pour nier tout cela est à la limite de la schizophrénie, et -dans le cas du blanchiment de la peau- souvent dangereux. »
Une commentatrice sur Beautylicieuse.com, au sujet des stars se blanchissant la peau.

Par Asong Zua