Miriam Makeba, surnommée "Mama Africa" est née le 4 mars 1932 dans la capitale sud-africaine. Zenzi de son vrai prénom, diminutif d'Uzenzile qui signifie, " Tu ne dois t'en prendre qu'à toi-même ", perd son père à l’âge de cinq ans et est tout de suite confrontée à l'arbitraire et la violence du régime dictatorial et raciste de l'apartheid soutenu par l’occident. Interdite d'école à l’âge de 16 ans,  elle fera des ménages chez les blancs, avant de découvrir son talent et d'enregistrer « Pata Pata », son plus gros succès, en 1956.

Elle se sert alors de la musique pour dénoncer la situation catastrophique de la majorité africaine, face à la minorité européenne qui s’est accaparée de toutes les richesses du pays.

A l’âge de 27 ans, elle quitte l'Afrique pour poursuivre  sa carrière ailleurs, loin des persécutions du régime raciste de l’apartheid. Ses prises de position la contraignent à un exil qui va durer 31 ans. Elle arrive aux Etats-Unis en 1959. En quelques semaines, Miriam Makeba devient une star de la musique. Elle côtoie Marlon Brando, chante au Madison Square Garden avec Marilyn Monroe pour l'anniversaire du président Kennedy.  Mais elle ne peut assister aux obsèques de sa mère en 1960 car elle est interdite de séjour en Afrique du Sud par la minorité blanche qui contrôle tout le pays à cause des ses opinions politiques. Mais Miriam Makeba ne faiblit pas et elle continue à prononcer des discours anti-apartheid et d'appeler au boycott de l'Afrique du Sud devant les Nations Unies. Elle chante en zoulou, en zhoxa, en tswana. Ses mélodies chantent la tolérance, la paix et le devoir de mémoire. Elle vit partout, libre et traquée, aux Etats-Unis, en Europe où elle est devenue le symbole de la lutte anti-apartheid, avant même Nelson Mandela.

En 1969 son mariage avec le leader des Black Panthers Stokely Carmichael  la pousse à émigrer en Guinée car persécutée en Amérique.  Elle se séparera finalement de Stokely en  1973. Après la mort de sa fille unique en 1985, elle quitte la Guinée et retourne vivre en Europe. Miriam Makeba était devenue Commandeur des Arts et des Lettres en 1985 et avait obtenu la nationalité française en 1990. Après l’effondrement de l’URSS et l’arrêt du soutien occidental au régime raciste de l’apartheid, Nelson Mandela, plus ancien prisonnier politique au monde sort de prison En 1990, et réussi à la convaincre de revenir en Afrique du sud.

Pendant les années qui vont suivre Miriam Makeba  œuvrera toujours pour une grande Afrique libre et unie. Pour son pays, elle exhorte ses frères africains au pardon. «  Il faut nous laisser grandir. L'Afrique du Sud n'a que sept ans d'existence. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître, à vivre ensemble ». Celle qui a toujours défendu son statut de chanteuse plutôt que celui de femme politique continuait son combat sous une forme nouvelle. Elle s'occupait notamment  de l'insertion des jeunes filles des townships en difficultées, en favorisant l'ouverture de maisons d'accueil tout en continuant à militer pour le panafricanisme. C'est presque sur scène qu'elle est décédée après avoir chanté en compagnie d'autres artistes lors d'un concert antimafia dédié au jeune écrivain du bestseller "Gomorra", Robero Saviano, à Castel Volturno près de Naples (sud). "Elle avait été la dernière à monter sur scène, après les passages des autres chanteurs. Il y a eu un rappel et à ce moment-là quelqu'un a demandé au micro s'il y a avait un médecin dans l'assistance. Miriam Makeba s'était évanouie et gisait sur le sol", selon un photographe de présent au moment des faits.

Rapidement transportée à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno, la chanteuse est décédée peu après à l’âge de 76 ans le 9 novembre 2008 des suites d'une crise cardiaque.

La « mama Africa » a tiré sa révérence, et aura influencé des millions de personnes en Afrique et ailleurs dans le monde, par son talent, son charisme, sa vision panafricaine etc…

A jamais dans le cœur de l’Afrique.

Par Ayong