Cet article est un bref aperçu du culte Bwiti, car la richesse du Bwiti est tellement grande que nous avons choisi d’en présenter simplement les grands axes.
Le Bwiti (ou Bwete) est un rite initiatique originaire des populations Mitsogo et Apinzi du Gabon central. Sa date d'origine est indéterminée, et d'après les pratiquants eux-mêmes, cette tradition serait âgée de plusieurs millénaires.
Le Bwiti est aujourd'hui largement répandu au Gabon, aussi bien parmi les populations du sud du pays, que chez les Fangs du Nord (diffusion autour de 1910 chez les Fangs), aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. À travers les Fangs, le Bwiti s'est également diffusé en Guinée équatoriale et au sud-Cameroun.
Le rite de passage du Bwiti est centré sur la manducation par le néophyte d'écorces de racines de l'arbuste appelé iboga ou eboga (Tabernanthe iboga). Divers alcaloïdes présents dans cette plante (notamment l'ibogaïne) possèdent des propriétés psychodysleptiques. Pendant le rite de passage, l'absorption d'une dose massive d'iboga permet ainsi au néophyte d'obtenir des visions spectaculaires dont le récit aux initiateurs servira à valider son initiation.
La branche originelle du rite initiatique parmi les Mitsogo est appelée Bwiti Dissumba. Il s'agit d'un rite de passage pubertaire, strictement masculin. Le Bwiti Dissumba s'appuie sur le culte des ancêtres, notamment à travers des reliquaires contenant les ossements des ascendants défunts.
Le Bwiti Misoko constitue une branche initiatique dérivée et postérieure au Dissumba. Le Bwiti Misoko possède une fonction avant tout thérapeutique (rite d'affliction) : le néophyte choisit de se faire initier en cas d'infortune inexpliquée, dont on suspecte la plupart du temps qu'elle a été causée par un sorcier malveillant. Les initiés du Bwiti Misoko sont appelés les nganga-a-Misoko, ou plus simplement nganga. Ils ont une fonction de devins-guérisseurs. Contrairement au Bwiti Dissumba des Mitsogo et des Apinzi, le Bwiti Misoko accepte souvent de plus en plus les femmes en son sein.
Le Bwiti peut être considéré comme une science qui a pour objet une meilleure compréhension de la corrélation entre le monde physique et le monde spirituel.
Chaque cérémonie de Bwiti est une occasion pour les initiés de voyager vers les mondes parallèles. Cela permet à la fois aux initiés et à leurs ancêtres de communiquer. Ces derniers révèlent aux initiés, par l’intermédiaire de l’instinct ou de visions, leur passé, présent et futur, mais aussi les actions à entreprendre pour protéger leur propre famille ou pour soigner les malades.
A partir du Disumba se sont développés le Bwiti N’Dea et le Bwiti Misoko. Le N’Dea peut être considéré comme la branche martiale du Disumba et est très proche du Bwiti Disumba en termes de similitudes. Alors que le Bwiti Misoko est la branche qui a plutôt une vocation thérapeutique. Les initiés du Bwiti Misoko sont appelés à devenir des « Nganga » (guérisseurs) contrairement aux initiés du Disumba.
Le Bwiti Misoko a de nombreux sous-embranchements, dont les plus populaires sont les suivants:
Myobe : La plus ancienne branche du Bwiti Misoko introduite par la tribu des Tsogos.
Ngonde: Il y a deux styles de Ngonde; « Ngonde Bosuka », le mouvement le plus ancien de Ngonde qui a été créé par la tribu Tsogho, et un mouvement plus récent, « Ngonde na Dipuma » qui est plus largement pratiqué par les tribus Puvi et Masangu.
Senguedya: Cette branche est récente et provient de l’innovation personnelle d’un bwitiste Masangu qui s’est retiré de Ngonde pour créer son propre mouvement.
Mabundi: C’est la branche féminine du Bwiti Misoko. Ce terme renvoie à la fois aux femmes initiées et à leur danse dans le Bwiti Misoko. Certains disent que le terme Mabundi est un dérivé de « Mabandji », qui est la branche féminine du Disumba, d’autres disent qu’il vient de « Niembe ».
Depuis le début du 20e siècle, il existe un Bwiti dénommé Bwiti Fang ou Mimbwiri . C’est en fait le résultat d’une adaptation du Bwiti Disumba original, du culte des ancêtres Fang (Byeri) et quelques éléments du christianisme colonial.
Pour devenir un Nima (un Maître Bwiti), le néophyte doit passer des étapes bien définies. Il passe d’abord du statut de Banzi (Novice) à celui de Nganga (Apprenti-guérisseur), puis de Nganga à Kombo (Initié de niveau intermédiaire/avancé) et de Kombo à Nima (Maître). Il y a plusieurs étapes rituelles avant qu’un initié puisse devenir un Maître Bwiti. Le laps de temps qui s’écoule entre chaque étape n’est pas fixé de façon intangible. Cette progression logique varie d’un initié à l’autre mais l’aboutissement prend néanmoins plusieurs années. Tous les initiés ne deviennent pas forcément des Maîtres.
Le Bwiti apparait comme l'une des plus importantes traditions ésotériques du Gabon.
Il peut être considéré comme une "structure sociale de représentation des sociétés gabonaises en matière de cultes, de philosophie (vision du monde), d'enseignement (initiation et suivi), et de thérapie (tant physique que morale)".
Les mutations actuelles, suscitées par la réintroduction du sens du global dans les sociétés humaines, de l'imaginaire et du sacré, annoncent à terme la naissance d'une nouvelle vision de l'homme et du monde.
Elles nous amènent de ce fait, à reconnaitre la tradition non plus comme un ensemble de valeurs passées - donc dépassées, mais au contraire comme un facteur susceptible d'apporter un nouveau sens à la vie.
Il est vital pour notre humanité de découvrir toute cette sagesse millénaire qui fait partie du patrimoine culturel gabonais.
Par Ayong
Source : Kanasuga.canalblog.com, Wilképédia,