L’Antilope mit au monde un petit et lui fit cette recommandation : « Mon fils, écoute bien : si au cours de tes allées et venues tu rencontres quelqu’un, je t’en prie, ne lui pose pas de question ».

La jeune Antilope, un jour, s’en alla manger des feuilles de manioc dans une plantation. Elle y trouva des Cabris. « Quel est votre maître ? » leur demanda t-elle. « Vous saccagez notre plantation. » — Et toi, dis nous qui est ton maître ? » — « Moi mon maître c’est la vaste forêt » Là-dessus l’Antilope se retira et les Cabris remontèrent au village.

Une autre fois les Cabris revinrent à la plantation et l’Antilope également. Celle-ci renouvela sa question : « Dites-moi donc, vous avez un maître ? » Les Cabris répondirent : « Tu le verras bien quand il viendra nous chasser d’ici. »

Peu après le propriétaire de la plantation déboucha sur la piste et se mi à chasser les Cabris qui remontèrent en hâte au village. L’Antilope, elle, s’enfonça prestement dans la brousse. Mais l’homme remarqua ses traces : « De qui sont ces pas ? » se demandait t-il. Et aussitôt il se mit à suivre les traces toutes fraîches. Il finit par retrouver l’Antilope qui se dissimulait dans un taillis. Vite il court au village pour chercher des filets et des hommes, et revient poser les filets tout autour de l’Antilope, qui se trouva encerclée et bientôt assommée. On la déposa au corps de garde bien en vue. Les Cabris la reconnurent et se moquèrent d’elle : « Ah ! ta langue pend en se tordant lamentablement, tu te vantais d’avoir la vaste forêt pour maître : dis-nous maintenant quel est ton maître ! »

La Mère-Antilope fut capturée à son tour en apercevant son petit fils au corps de garde, elle lui dit «  Mon enfant, je t’ai donné un conseil, tu ne l’as pas écouté. Voilà pourquoi nous sommes mortes toutes les deux. »