Il ya longtemps qu’on n’avait pas mangé de viande au village. Plus de gibier aux environs. Or, il se trouvait là un chasseur.
Un jour, il prit son fusil et se rendit dans la forêt. Il marchait depuis longtemps déjà lorsqu’il aperçut enfin un gros oiseau perché sur un arbre.
Il charge son fusil, vise et s’apprête à tirer lorsqu’il entend l’oiseau chanter : « Wu ya bôka, Ngèngèngè ! Ngèngèngè ! aboka, aoka, tu mwéna. – Ne me tue pas, Ngèngèngè ! Ngèngèngè si tu me tues, tu verras ce qui t’arrivera ! »
Sans tenir compte de l’avertissement, il tire, tue l’oiseau et se baisse pour le ramasser. De nouveau, l’oiseau chante : « Wu ya bôla ! Ngèngèngè ! Ngèngèngè ! abôla, abôla, tu mwèna. – Ne me ramasse pas, Ngèngèngè. Ngèngèngè ! si tu me ramasse, tu verras ce qu’il t’en coûteras ! »
Il le ramasse tout de même et l’emporte au village où sa femme et ses enfants l’accueillent avec des cris de joie.
Tandis qu’ils plument l’oiseau, celui-ci recommence à chanter : « Wu ya guwa, Ngèngèngè ! Ngèngèngè ! aguwa, aguwa, tu mwèna ! – Ne me plume pas, Ngèngèngè ! Ngèngèngè ! Si tu me plumes, tu le paieras cher ! »
L’oiseau plumé est mis dans la marmite. En cuisant, il chante toujours. Une fois cuit, le chasseur le retire de la marmite et fait les parts : « Wu ya gaba, Ngèngèngè ! Ngèngèngè ! agaba, agaba, tu mwéna ! – Ne me partage pas, Ngèngèngè ! Ngèngèngè ! si tu me partages, tu auras affaire à moi ! »
Le partage fait, il reste à distribuer le bouillon. Le chasseur envoie l’un après l’autres ses enfants, puis sa femme,aller chercher une cuiller. N’en trouvant pas, ils se mettent à chanter successivement : « Tata, tata, ni sa wa gwèna duru. Ka nu mwèmbu na magaya, ka ngwali ! – Père, père, je ne trouve pas de cuiller, bois donc ton bouillon avec des feuilles, au revoir ! » Là-dessus, ils tombent raide mort.
Le père, ne les voyants pas revenir, va lui-même chercher une cuiller, et n’en trouvant pas, il s’adresse au bouillon : « Mwèmbu, mwèmbu,ñi sa la gwèna duru, ka ngwali ! – Bouillon, bouillon, je ne vois pas de cuiller, au revoir ! » Et il meurt à son tour.
Ainsi périt tout la famille du chasseur, pour avoir tué et mangé l’Oiseau magique.
Par AYONG
Source : Contes gabonais de Raponda Walker