Conte: Les deux Menteurs

MenteurDeux menteurs de profession,  Guifutsi-Gi-Gulu (le vieux menteur), et Guifutsi-Gyona (le jeune menteur), en se promenant ensemble avaient découvert du miel dans la forêt. Le lendemain matin, ils allèrent donc munis chacun d’une hachette et d’une boîte en écorce pour extraire ce miel.

Arrivés au pied de l’arbre sur les branches duquel s’étaient installées les abeilles, Guifutsi le jeune dit à son compagnon : « Ami, laisse-moi faire le travail, nous partagerons ensuite les rayons de miel. »

‑« Volontiers », répondit Guifutsi l’ancien, quoiqu’il soupçonnât son compagnon de vouloir prendre le bout de miel pour lui.

En un rien de temps, Guifutsi le jeune se trouve déjà perché sur l’arbre. Quelques coups de hachette sur la branche, et le miel est à portée de sa main. Inutile de dire qu’il avait d’abord enfumé l’essaim.

Il prend alors les meilleurs rayons de miel et laisse tomber le reste pour son compagnon.

Guifutsi l’ancien, sans souffler mot ramasse tranquillement les rayons qui tombent.

Quand tout le miel est extrait, Guifutsi le jeune s’apprête à descendre. Mais comment faire avec sa hachette dans une main et sa boîte pleine de miel dans l’autre ?

Il s’adresse donc à son compagnon resté au pied de l’arbre : « Ami de quel côté es-tu ? Je vais laisser tomber ma hache ! »

 ‑« A gauche », réponds le vieux tandis qu’il se trouve réellement à droite.

Guifutsi le jeune, confiant dans la parole de son ami, jette sa hache à droite pour éviter de blesser son ancien qu’il croit être à gauche.

Mais une fois  descendu à terre, il ne voit personne. Seul le paquet de miel gît sur le sol. Il cherche sa hache où il a jeté et la retrouve enfoncée dans la terre, tout près de la tête de Guifutsi l’ancien.

Sans plus d’attention, il éclate en sanglots et se met à trembler de tous ses membres, pensant avoir tué son camarade… Il ramasse vite son miel et s’enfuit précipitamment annoncer la triste nouvelle au village.

Tous les gens étaient absents, les hommes dans la forêt, les femmes aux plantations. Seul un vieillard était là à ne rien faire. Guifutsi le jeune, sous le coup de l’émotion, lui raconte sa mésaventure et veut aller chercher tout de suite quelques hommes pour transporter le cadavre de son ami.

En entendant parler, le vieillard se met à rire et lui dit : « Tu es un fieffé menteur, mais n’oublie pas que ton ami l’est encore plus que toi. Sois sûr qu’il n’est pas mort. Dépêche-toi de retourner là-bas cet apporte les deux paquets de miel à côté de son cadavre. Fais-en ensuite deux bonnes parts, mais surtout  aie soin de lui offrir la meilleure portion, et tu seras étonné de le voir revenir soudainement à la vie. »

Ce qui fut dit fut fait. Guifutsi le jeune se rend tout d’un trait vers Guifutsi l’ancien et suit de point en point le conseil du vieillard.

Ô surprise ! il voit aussitôt le prétendu  mort se relever  de terre et reprendre vie instantanément, sans la moindre trace de blessure. Puis, prenant sa part de miel, le vieux menteur dit à son jeune émule : « Amis, sache bien que j’ai appris à mentir bien avant que tu ne sois né. Tu as cherché à me tromper, en voulant prendre pour toi les meilleurs rayons de miel et me donner les moins bons. C’est pourquoi moi aussi, j’ai fait semblant d’être mort pour te donner la « frousse » et te faire trembler de peur ».

Par AYONG

Source : Conte gabonais de Raponda Walker

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • Ahida-Annie

    1 Ahida-Annie Le 24/12/2014

    Ce n'est pas bien de mentir.Je ne comprend pas à "aie". Mais merci ayong pour ce conte!
    de Ahida
  • Candys Noémie

    2 Candys Noémie Le 21/12/2014

    beau conte

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