Un jour, le père Léopard et le père Tortue de visaient tranquillement au coin du feu.
Tout à coup, le Léopard s’écrie en s’adressant à la Tortue :
‑« Ah, quelle belle baignoire ta carapace ferait pour laver mon petit ! »
‑« Et ta peau donc ‑ riposta la Tortue – quelle belle courroie elle ferait pour le mien ! »
Il faut dire que leurs épouses, dame Léopard et dame Tortue attendaient chacune un bébé…
Après les couches, la Tortue, se rappelant les paroles du Léopard et craignant d’être victime de ses instincts pervers, prend les devants et et se prépare à lui jouer un bon tour.
Elle empoigne donc sa hache et se rend à la forêt pour abattre un arbre.
Aux coups de hache, la petite Antilope-Souris accours à toute vitesse pour voir d’où vient le bruit.
‑« Tiens ! C’est toit, Tortue, qui fais tant de bruit – dit-elle d’un air étonné ! Mais que vas-tu donc faire avec cet arbre ? »
‑« Je voudrais avoir quelques bûches pour ma femme qui vient d’accoucher. »
‑« Y penses-tu ! Tu ne pourras jamais porter ce bois lourd sur ton dos. »
‑« Tu dis ! Eh bien ! Couche-toi un peu sur cette « moutète » (sorte de hotte), et tu verras si je ne suis pas capable de transporter une charge de bois ! »
L’Antilope –Souris se couche sans méfiance sur la « moutète ». Aussitôt la Tortue saisit une corde solide er ligote étroitement la pauvre petite bête, puis elle lui assène un coup de hache sur la tête et emporte la viande au village…
Le lendemain et les jours suivants, la même scène se renouvelle avec l’Antilope « éziwoé », l’Antilope « mbindé », l’Antilope « ndjiwo », le Phacochère, etc…, etc .
Enfin, un beau matin, maître Léopard arrive à son tour :
‑« Ah ! ah ! te voilà Tortue ? Et moi qui te cherche depuis plusieurs jours. Mais que fais-tu donc ici ? »
‑« J’ai abattu, non sans peine, ce gros arbre que je suis en train de tronçonner pour avoir quelques bûches à la maison. »
‑« Mais mon pauvre ami, tu ne pourras jamais transporter du bois si lourd. »
‑« Jamais dis-tu ? Je vais te prouver que si. Couche-toi donc sur cette « moutète » que j’ai tresse exprès pour transporter on bois, et tu verras si je suis capable ou non de transporter un fardeau sur mon dos ! »
Le Léopard, qui ne soupçonne pas l e piège, s’étend de tout son long sur la « moutète ». Sans perdre de temps, la Tortue le ligote fortement de manière à ce qu’il ne puisse plus bouger. Puis, d’un grand coup de hache, elle lui fend le crâne et emporte sa charge toute sanglante au village. Là, elle dépouille la bête et taille dans sa peau une large bande dont elle fait une bandoulière pour porter son petit.
Conclusion : ‑Tel ets pris qu’il croyait prendre.
Source: Contes gabonais de Raponda-Walker
Par Evine Ayong