Un père, avait deux fils, Ndjambé et Mombéna, arrivés tous les deux à l'âge de se marier.
Malgré toutes ses recherches, il n'avait trouvé qu'une seule jeune fille nommée Malondo.
- " A qui la donner?" se demandait-il, fort ambarrassé, lorsqu'un matin il eut une idée.
Il venait de découvrir dans la forêt un bel essaim d'abeilles fixé au sommet d'un très gros arbre. Il s'agissait maintenant d'abattre cet arbre pour recueillir le miel.
En conséquence le père donna une hache à chacun de ses garçons et les conduisit au pied de l'arbre en question.
- "Voici, leur dit-il, ce que je vous propose. Celui d'entre vous qui abattra ce gros arbre tout d'un tenant, sans quitter son travail, épousera Malondo."
La proposition acceptée, Ndjambé, le fils ainé, prend sa hache et entame le gros arbre. Mais après bien des coups, il avoue qu'il n'en peut plus et renonce à continuer. Son jeune frère, Mombéna, cogne à son tour. Quoique brisé de fatigue, il ne quitte pas sa hache et finit par mettre l'arbre à terre.
- " C'est bien, li dit son père, tu épousera la jeune fille."
Mais cela ne faisait pas du tout l'affaire du fils ainé. Il reprochera amèrement à son père de favoriser le fils cadet à son détriment et en garda rancune à son jeune frère...
Sur le chemin du retour, ils marchaient tous les trois à la queue leu leu, Mombéna enavant, Ndjambé au milieu, et leur père en arrière. A un moment, ce derner eut besoin de s'écarter dans la brousse.
Ndjambé, plein de de ressentiment, profita de son absence pour fendre la tête de son frère d'un coup de hache, puis saisissant un poignard, il se l'enfonça dans la poitrine.
- " De cette façon, se dit-il, aucun de nous deux n'épousera Malondo."
Le malheureux père, en débouchant dans le sentier, ne trouva plus que deux corps animés étendus sur le sol.
Voilà jusqu'où peut mener la jalousie!
Contes gabonais de Raponda-Walker
Par Evine Ayong