Il était une fois, en pleine savane, dans l’ouest de l’Afrique, vivait une meute d’hyènes. Après avoir tué et mangé une maman zèbre, ils hésitèrent à tuer le bébé zèbre qu’elle avait. La femelle dominante décida alors de garder le bébé zèbre et de l’élever en même temps que son bébé à elle, né au même moment.
La maman hyène appela son fils Bong-Ngô, et donna le nom d’Ekamelô au bébé zèbre. Elle éleva les deux avec une certaine attention. La mère ayant constaté qu’Ekamelô était herbivore, elle ne l’initia jamais aux techniques de chasse, car en plus d’être herbivore, Ekamelô n’avait pas les mêmes caractéristiques physiques que Bong-Ngô. En revanche, Bong-Ngô fut initié aux techniques de chasse dès l’adolescence et accompagnait régulièrement les autres hyènes. Il comprit très tôt que la première condition de l’existence est de survivre, car tous les jours il faut trouver de quoi manger, et de ce fait il faut tuer. Et dans son dévouement à trouver de la nourriture tous les jours, Bong-Ngô savait qu’Ekamelô était d’une espèce plutôt fragile. Par conséquent, il se sentait le devoir de protéger son ami des autres hyènes de la troupe, mais aussi des autres prédateurs. Bong-Ngô étant devenu à l’âge adulte le chef de la meute, tout le monde le craignait dans la savane, car une rumeur circulait, disant qu’il avait réussi à maitriser 2 lions qui essayaient de voler son repas.
De son côté, Ekamelô, se sachant protégé, devint rapidement arrogant avec les gens de son espèce et ne se souciait guère de leur sort, car les zèbres étaient une proie facile pour les prédateurs. Mais avait t-il vraiment conscience d’être un zèbre tant son assimilation avec les hyènes était grande.
Un jour, un vieux zèbre nommé Mouhoye le fit assoir et lui dit : « Si ta sécurité est assurée par la troupe de hyènes du redoutable Bong-Ngô, cela ne te donne pas le droit de donner des informations sur nous à tes amis, car tu trahis tes semblables, et cela amoindris notre système de défense », « tu sais Mouhoye, je ne suis pas vraiment comme vous, moi je suis intouchable, car bien protégé, et j’ai toujours vécu comme des hyènes, je les comprends, et réciproquement, le hasard a voulu qu’on se ressemble, mais nous sommes différents. D’ailleurs beaucoup de zèbres me sont proches parce qu’ils sont protégés par moi ». Rétorqua Ekamelô, Mais Mouhoye en rajouta : « Tu sais mon jeune, tu es le seul zèbre que je connais qui ne court pas vite parce que tu n’as pas besoin de fuir, mais la course, la vigilance sont des qualités que nous avons pour fuir les prédateurs, et cela a permis à notre espèce de ne pas disparaitre, mais pour toi la seule qualité qui compte pour toi est celle que te confère tes amis hyènes ». Avec un mépris non dissimulé, Ekamelô déclara au vieux : « tu sais mon amitié avec les hyènes a fait de moi quasiment le chef des zèbres, et tu me dis de renoncer à ces privilèges et prendre votre façon de vous cacher des prédateurs, mais je suis comme une hyène, je n’ai pas de prédateur, et au cas où tu ne le savais pas, même les lions me respectent en tant qu’ami des hyènes » . Puis il parti sans se retourner. Cette situation dura des années, puis la région fut frappée par une forte sécheresse, et une partie importante des zèbres décida de fuir cet endroit pour aller à un endroit où il y avait plus d’eau et de végétation. Mais tous les zèbres qui étaient sous la protection d’Ekamelô décidèrent de rester sur place, car au moins ils seront protégés des prédateurs, ce qui a été suivi par d’autres espèces. Par la suite, chaque fois que les hyènes avaient envie de chasser, ils se servaient dans le groupe que contrôlait Ekamelô. Mais les autres zèbres, après avoir perdu plusieurs de leurs membres, proposèrent à Ekamelô de fuir par crainte de finir dans le ventre des hyènes. C’est ainsi qu’ils proposèrent d’aller rejoindre les autres. Mais Ekamelô leur répondit : « je n’irais nulle part car je suis une hyène ! Je le sais, vous le savez et les autres espèces aussi ». Le lendemain, le réveil d’Ekamelô fut difficile, car tous les autres zèbres étaient partis. Plusieurs semaines passèrent et les gibiers se faisaient rares, alors toutes les hyènes ayant le ventre vide convoquèrent Bong-Ngô pour lui dire, « la nourriture est de plus en plus rare, et la pluie ne revient que dans quelques semaines et nous ne pourrons tenir sans gibier ». « Nous n’avons qu’à partir chasser les animaux qui ont fut notre zone » répondit Bong-Ngô, « Ils sont dans le territoire des lions désormais, et même s’il t’est déjà arrivé de tenir tête à 2 lions, le combat a duré moins de 2 minutes. J’étais présent, j’ai vu qu’autour de toi il y‘avait une dizaine de hyènes et c’est ce qui a dû dissuader les lions. Soyons réalistes, on se mettrait en danger là-bas » rétorqua une hyène, « par contre Ekamelô peut calmer notre faim avant le retour de la pluie, mais on ne peut rester ainsi et tu le sais, se serait nous condamner à mort ». Bong-Ngô promit de réfléchir, mais les hyènes, n’ayant pas mangé depuis quelques jours, décidèrent alors d’aller manger Ekamelô. C’est ainsi que Bong-Ngô affamé se lança à la poursuite de son ami, c’était une question de vie ou de mort. L’instinct de survie poussa Ekamelô à courir tellement vite, tandis que la meute de hyènes affamée courait derrière lui qu’il réussi à franchir le territoire des lions. Mais les hyènes enragées l’appelèrent en lui disant « vient notre frère, on ne te veut aucun mal, c’était juste une blague qu’on te faisait », rassuré Ekamelô retraversa la frontière en toute confiance, mais Bong-Ngô affamé l’attaqua par la jugulaire, et il servit de repas aux hyènes qui ont pu calmer leur faim. La nouvelle se rependit comme une trainée de poudre, et le vieux zèbre Mouhoye rétorqua : « Le prédateur et le gibier ne peuvent être amis ».
Par Ayong