Jean Philippe Omotunde dans son ouvrage « La traite négrière européenne : vérité et mensonges » prend le cas particulier de la France – qui est pourtant entrée tard dans un trafic accordé par le Vatican aux seuls Portugal et Espagne – pour montrer comment l’Europe a connu un essor économique spectaculaire en mettant en esclavage les africains, et ceci à travers différents niveaux :
- Avec les razzias qui nécessitent de financer les investisseurs, les armateurs, les négriers, les soldats et les intermédiaires, le secteur bancaire va connaître un essor sans précédent (Loyds, Barclays Bank, Baring etc…)
- Les dégâts provoqués par les révoltes en mer, les attaques des résistants africains et des esclaves sur les plantations, il faut s’assurer contre les aléas du trafic, d’où l’essor des compagnies d’assurance.
illustration du port de Nantes à l’époque, un des principaux ports négriers de France.
- L’augmentation des commandes de bateaux négriers engendre le développement économique des ports sans oublier les effets de levier sur l’activité économique des villes portuaires (St Malo, Nantes, La Rochelle, Séville, St Nazaire, Liverpool, Bordeaux). Pour La Rochelle entre 1739 et 1793, 349 navires négriers partirent, repartis entre 56 armateurs. L’activité engendra des fortunes colossales.
- Vu L’aspect militaire de la traite (actions terroristes sur le sol africain, guerre contre les résistants africains, dons d’armes aux africains qui collaboraient, maintien de l‘ordre sur les bateaux), l’industrie de l’armement connu lui aussi un essor formidable avec la fabrication de fusils, de canons, d’épées, de poudre.
L’avocat français Hilliard d’Auberteuil (1751-1789) déclare que les esclaves africains sont la source de la prospérité de l’Europe et Voltaire dit que « les Antilles sont des points sur la carte, mais enfin ces pays, qu’on peut à peine apercevoir sur une mappemonde ont produit à la France une circulation annuelle de 60 millions de marchandise ». 60 millions de marchandise équivaut aujourd’hui à des centaines de milliards d’Euros, et ce pour une seule année. On parvint même à affirmer que l’arrêt de la traite entraînerait le chômage de la moitié des ouvriers français.
On a les chiffres d’un négrier qui pour 39 980 $ d’investissements, a fait 41 438 $ de bénéfices, soit plus de 100% pour une seule expédition.
Par : African Histoy-Histoire Africaine
Source : la traite négrière européenne, vérités et mensonges, Jean Philippe Omotunde, pages 64-65.