Si les relations intimes entre Africains et Occidentaux ne constituent pas un phénomène récent, les enjeux politiques et sociaux soulevés par les migrations africaines vers l’Europe après la décolonisation ont profondément influencé la recherche sur la mixité conjugale. L’Europe étant généralement envisagée comme l’espace de résidence de ces couples transnationaux, les travaux académiques ont mis l’accent sur les parcours migratoires Sud-Nord, sur le poids des politiques européennes d’immigration dans la construction de la conjugalité binationale, ou encore sur le rôle de l’intimité dans les processus d’intégration dans la société européenne.
En miroir, la recherche sur l’intimité afro-occidentale envisagée depuis l’Afrique s’est principalement consacrée à l’économie sexuelle transnationale. Sont ainsi bien documentées les relations sexuelles tarifées nouées entre expatriés occidentaux et prostituées africaines dans les grandes métropoles du continent, ou celles qui prennent place dans ce que l’on désigne communément sous le vocable de "tourisme sexuel".
Entre ces deux pans de la recherche, l’analyse des conjugalités mixtes vécues en Afrique fait figure de parent pauvre. Pourtant, différents facteurs contribuent à l’existence de couples afro-occidentaux résidant sur le continent africain. L’ONGisation des grandes villes, et les migrations d’entrepreneurs occidentaux du secteur touristique, comptent parmi les phénomènes de globalisation contemporaine qui ont modifié les modes de conjugalité. D’autres types de mixité conjugale voient le jour en Afrique, alimentées par les unions établies entre ressortissants de différents pays du continent et des descendants d’émigrés originaires des mêmes pays, mais nés et ayant grandi sur le continent européen ou états-unien. Enfin, outre les couples binationaux afro-occidentaux, le développement des migrations Sud-Sud a pu également avoir pour effet la constitution de couples binationaux « afro-africains », interrogeant les recompositions des relations interethniques et interraciales au sein même du continent.
Ces situations posent à la sociologie du couple, à celle des migrations et relations interethniques des questions nouvelles que cet atelier souhaite explorer. Les propositions de communication pourront relever des différentes disciplines des sciences sociales (sociologie, anthropologie, histoire, science politique), envisager diverses orientations sexuelles, divers modes de conjugalité (mariage, concubinage, relation à distance), et porter sur les territoires de l’Afrique continentale, insulaire (Cap-Vert, Madagascar, Comores), ou sur les dépendances européennes en Afrique (Mayotte, Îles canaries, etc.).
! Les propositions de communication (500 mots) doivent nécessairement être déposées sur
le site des REAF au plus tard le 15 janvier 2016 : http://reaf2016.sciencesconf.org
Atelier proposé par :
Jennifer Bidet
Docteure en sociologie. Chercheure au Centre Maurice Halbwachs (UMR 8097), Ecole Normale
Supérieure Paris.
Altaïr Despres
Docteure en sociologie et anthropologie. Chercheure associée au CESSP – Centre européen de
sociologie et science politique (UMR 8209), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.