On appelle cela une uchronie. Il s’agit de réécrire l’Histoire en modifiant un évènement du passé. Un plasticien suédois, Nikolaj Cyon, a ainsi redessiné une carte de l’Afrique politique que la colonisation n’aurait pas impactée. Surprenant.
Ce qui frappe en premier lieu dans la carte du plasticien suédois Nikolaj Cyon est la représentation inversée du continent : le sud en haut, le nord en bas. Non seulement cela provoque un choc visuel, mais c’est aussi une façon de rendre hommage à la culture médiévale islamique qui traditionnellement présentait ainsi la Terre. Il s’agit d’une carte d’Afrique revisitée, témoin d’un continent qui n’aurait pas subi la colonisation. Du reste, l’artiste a préféré le nom arabe du continent, Alkebu-Lan, et non pas celui généralisé par les Latins d'"Africa".
Je voulais changer le passé en dessinant une autre carteNikolaj Cyon
La carte de Nikolaj Cyon représente donc Alkebu-Lan en 1844, soit en l’an 1260 dans le calendrier de l’Hégire.
Cette date n’est pas le fruit du hasard. L’artiste s’est intéressé à la période s’étendant de l’an 1300 à l’an 1844. En quelque sorte l’apogée des empires africains avant l’arrivée des Européens. Quarante ans plus tard, en 1884, à Berlin, lors de la Conférence sur le Congo, les grandes puissances impérialistes vont se partager l’Afrique.
La carte respecte les frontières naturelles, linguistiques et les royaumes des nations indigènes. Ici, rien n’est inventé. Ces frontières, ces royaumes ont existé un jour. On retrouve ainsi l’Empire songhaï, appelé aussi royaume de Gao. A son apogée au XVIe siècle, il s’étend sur toute la boucle du fleuve Niger, du Mali au Nigeria actuels.
On retrouve également les royaumes du Congo ou du Katanga.
Aux yeux de Nikolaj Cyon, le rayonnement des savants maliens justifie que dans sa carte, le méridien de Tombouctou remplace celui de Greenwich dans le repérage longitudinal. L’auteur a voulu rendre hommage aux empires, royaumes et civilisations subsahariennes. Le Moyen-Age en Afrique a été une période dorée pour les sciences et les arts. Au XIVe siècle, l’Université de Sankoré à Tombouctou, au cœur de ce qui était alors l’Empire du Mali, plaçait ainsi l’Afrique sur une carte. Au centre du monde.
Rendre à l’Afrique sont rayonnement, c’est aussi lui rendre sa taille sur un planisphère. Dégradée par la projection Mercator, l’Afrique, sur une carte du monde "européo-centrée", paraît bien plus petite qu’elle ne l’est (trois fois plus grande). Ainsi l’île de Madagascar est plus grande que la Suède et le Danemark réunis. Nikolaj Cyon a donc choisi une projection Lambert azimutale afin de respecter au mieux les proportions.
Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/une-carte-de-lafrique-qui-naurait-pas-connu-la-colonisation_3461135.html