« Il est important pour nous de présenter des excuses au nom de la minorité de Sud-Africains qui se sont mal comportés », a déclaré, mercredi 20 mai à Maputo, le président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, à son homologue mozambicain, Filipe Nyusi, au sujet des violences xénophobes qui ont secoué son pays en avril. Jacob Zuma s’est exprimé au premier jour d’une visite d’Etat dont l’agenda officiel est de renforcer les relations entre les deux pays. Mais elle a tout l’air d’un rattrapage diplomatique.
La semaine dernière, les autorités de Pretoria ont pris la diplomatie mozambicaine par surprise, en expulsant 420 de ses ressortissants, dans le cadre de l’opération « Swiela » d’arrestations d’étrangers en situation illégale. « Nous espérions que, à la suite des attaques xénophobes, il y aurait une accalmie et que d’autres méthodes seraient recherchées pour résoudre le problème de fond, qui est celui de l’immigration illégale », a réagi en conférence de presse le ministre mozambicain des affaires étrangères, Oldemiro Baloi.
Cette visite de Jacob Zuma intervient donc à un moment où les Sud-Africains jouissent d’une mauvaise image. Au-delà des images terribles du meurtre du Mozambicain Emmanuel Sithole à Johannesburg, devenues le symbole de cette nouvelle éclosion de violences xénophobes, la lente réaction de son gouvernement, comme les déclarations à connotations anti-immigrés de son propre fils, Edward, ont fait de Zuma la cible de nombreuses critiques.
« Le Mozambique a payé un prix élevé pour son soutien à la libération de l’Afrique du Sud, peut-être plus qu’aucun autre pays voisin », a ainsi rappelé l’écrivain mozambicain de renom, Mia Couto, dans une lettre ouverte adressée au président sud-africain, alors que l’ANC et le Frelimo, au pouvoir respectivement en Afrique du Sud et au Mozambique, partagent une forte histoire commune de lutte contre la colonisation et l’apartheid
Un geste fort à l’intention du Mozambique a semblé d’autant plus nécessaire que, depuis 2014, le pays lusophone est devenu le principal partenaire commercial africain de l’Afrique du Sud, comme n’ont cessé de le rappeler, mercredi 20 mai, les responsables de ces deux pays voisins.
Enfin, l’Afrique du Sud, qui traverse une importante crise énergétique marquée par des coupures répétées de courant, est le premier importateur d’électricité et de gaz au Mozambique, dont la production devrait exploser ces prochaines années. A sa descente de l’avion, Jacob Zuma a ainsi rencontré le ministre mozambicain de l’énergie, Pedro Couto. Une rencontre non mentionnée sur l’agenda officiel de la visite, et dont la teneur n’a pas été divulguée
Source...http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/05/21/violences-xenophobes-en-afrique-du-sud-jacob-zuma-presente-ses-excuses-aux-mozambicains_4638028_3212.html#oA67wfrfUq2wbC5Q.99