Professeur Amadou Koné, fils de Dénbiè Soma (dit Mamadou Koné) et de Kahou Sirima (dite Karidia Koulibali), Amadou Koné est né en mai 1953 dans le petit village de Tangora dans le cercle de Banfora, au Burkina Faso actuel. Petit-fils de Kalmô Dan dont le grand frère, le légendaire chef de guerre Fanhikroi, un opposant au pouvoir colonial, fut assassiné sur la route conduisant de Banfora à Bobo Dioulasso (épisode raconté dans Jusqu'au seuil de l'irréel), Amadou Koné apprendra très tôt le sens de l’honneur par son père qui, excédé par les abus des colons français et des nouveaux chefs à leur solde, choisit d’immigrer dans la région d’Ayamé en Basse Côte d’Ivoire où il crée des plantations de café et de cacao avec sa famille.
C’est à Kongodjan, la plantation près d’Ayamé, qu’Amadou Koné grandit en compagnie de ses frères et sœurs. Dans son article intitulé « L'enfance : c'était le temps des rêves et de l'espoir », il décrit cette enfance en ces termes : « Les années de mon enfance étaient celles du rêve et du bonheur, un bonheur intense que même les enfants ressentaient, je crois. L'Afrique était victorieuse. Elle avançait inéluctablement vers les indépendances. Le travail forcé était aboli, les brutalités coloniales avaient cessé dans la plupart des pays ».
Rapidement, l’imagination du jeune Amadou est forgée par les histoires des héros ancestraux mythiques que lui racontait son père et celles des héros de l'Afrique moderne qui lui parvenaient : « Mon père me racontait l'histoire de mon aïeul Fanhikroi, […] ; il me racontait l'épopée des hommes d'honneurs de l'histoire africaine, l'épopée des grands cultivateurs.
Grâce à la TSF qui avait envahi les villages africains, et avec l’aide de son grand frère instituteur Tiémoko Koné, Amadou Koné découvre l’actualité politique de l’Afrique et ses nouveaux héros : « Le soir, après le repas, nous écoutions la TSF et mon frère traduisait et commentait l'actualité. Pour moi, cette actualité était un autre conte, une autre épopée peuplée de héros vivants dont j'entendais la voix sur la TSF. Ces personnages promettaient un avenir lumineux à l'Afrique et il n'y avait aucune raison de douter de leur parole»
Amadou Koné a connu un parcours scolaire et universitaire exceptionnel. Dès l’âge de sept ans, et sur les insistances de son frère Tiémoko instituteur (qui tenait à ce que ses frères et demi-frères soient scolarisés), il quitte le cadre idyllique de Kongodjan pour suivre ce dernier dans tous ses postes. Ainsi, entre 1958 et 1963, Amadou fréquente successivement les écoles primaires publiques d’Assouba, d’Aboisso, de Yassap, de Katiola et enfin d’Akounougbé. Après l'école primaire, il s'inscrit au collège moderne de Grand-Bassam entre 1963 et 1968 puis en classe de seconde au lycée classique d'Abidjan d'où il prépare et réussit brillamment le baccalauréat A, série philosophie en 1971.
Le département des Lettres modernes de l’Université nationale de Côte d'Ivoire, aujourd'hui université de Cocody qui l’accueille en septembre 1971 se souvient encore de lui comme d’un étudiant travailleur et particulièrement doué. En juin 1974, il décroche une licence de lettres modernes option études africaines et une bourse pour la préparation d’un doctorat troisième cycle en France. Son choix se porte sur la ville de Limoges à cause du professeur Jean-Marie Grassin qu'il avait eu comme professeur de littérature africaine comparée en mission à Abidjan dans son année de licence quelques années auparavant.
Amadou Koné consacre sa première année à Limoges à la préparation d'une maîtrise sur la question de l’authenticité dans les littératures et le théâtre négro-africain. À sa troisième année, il soutient une thèse de doctorat de troisième cycle sur l’influence du récit héroïque sur le roman africain en langues française et anglaise sous la direction de Jean-Marie Grassin.
Pendant qu’il étudie à Limoges, Amadou Koné fait la connaissance de Mary Lee Martin, étudiante américaine qu’il épousera en 1978.
Dès son retour en Côte d’Ivoire en octobre 1977, Amadou Koné est recruté au département des Lettres modernes de l’université nationale de Côte d’Ivoire comme maître-assistant. Il y enseigne la littérature africaine et les rapports entre la littérature orale et la littérature africaine écrite et le roman français du XIXe siècle. En 1980, il est inscrit sur la liste d’aptitude des maîtres-assistants professeurs du Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (CAMES). Après la soutenance de sa thèse de doctorat d’État à Limoges toujours sous la direction de Jean-Marie Grassin, il est inscrit sur la liste des maîtres de conférence du CAMES en 1988.
En 1990, il quitte l’université d’Abidjan pour l’Allemagne, grâce à une bourse de recherche de la Fondation Alexander-Humboldt. En 1992, il arrive aux États-Unis et commence une nouvelle carrière comme associate professor puis de full professor of French and Francophone African Studies à l’université Tulane à La Nouvelle-Orléans (Louisiane).
Depuis 1997, Amadou Koné enseigne la littérature, la culture et l’histoire africaines à l’université de Georgetown à Washington.
Recherche et publications universitaires
L’enseignement et la recherche d’Amadou Koné s’intéressent à tous les domaines de la littérature et de la culture africaine (roman, théâtre, cinéma). Il a étudié le style de certains romanciers tels que Ahmadou Kourouma, Saïdou Bokoum, Cheikh Hamidou Kane. Ses recherches les plus approfondies sont consacrées aux genres de la littérature orale africaine, les récits héroïques, épiques et initiatiques, et leur influence sur le roman moderne. Ses travaux sur l’influence de la tradition orale sur le roman continuent à influencer les chercheurs des études littéraires africaines.
En dehors de sa carrière de professeur et de chercheur, Amadou Koné a eu une longue carrière d’écrivain. L’écriture d’Amadou Koné est fortement marquée par le cadre de son enfance.
Écrivain précoce et très prolixe, Amadou Koné commence une longue et productive carrière dès l’adolescence. Déjà au collège moderne de Bassam, il produit et met en scène une pièce de théâtre : Samory de Bissandougou et un roman : Kamelefata ou les ennemis de la Traite publié beaucoup plus tard sous le pseudonyme de Gbanfou. Au lycée classique de Cocody (Abidjan), il achève Les Frasques d’Ebinto commencé au collège de Grand Bassam et écrit Jusqu’au seuil de l’irréel. Alors qu’il était étudiant à l’université d’Abidjan, Amadou Koné écrit Le Respect des morts et De la Chaire au trône. Les autres œuvres, les deux volumes du Pouvoir des Blakoros, ont été écrits alors qu’il enseignait à Abidjan. Commencé à Abidjan, le roman Les Coupeurs de têtes est achevés aux États-Unis. Sa dernière œuvre publiée, Sigui, Siguila, Siguiya, a été écrite aux États-Unis et mise en scène par Roger Bensky (avec la participation des étudiants du département de français de l’université de Georgetown). Un récit allégorique, L’œuf du monde, terminé depuis de longues années, a été publié en août 2010 aux Éditions NEI CEDA.
Auteur de plusieurs publications, le professeur Amadou Koné est une référence parmi les universitaires africains de la diaspora.
Sources : wikipedia, www.imatin.net
Par AYONG