Fils d’Olong ne meurs pas
Car en dépit de sa brièveté, la vie demeure une bénédiction Aux nôtres partis dans l'autre monde, Entendez-vous nos pleurs ?
Les morts sont-ils cachés dans les profondeurs de la lune ?
Etoiles de ciel,
Entendez-vous seulement nos cris d’afflictions ?
Que venons-nous faire sur terre, mon cher peuple Puisque nous sommes d’emblée prisonniers de la mort qui dispose de nous à souhait?
Mènes-tu par exemple une existence agitée, que la mort te surprend, A rebours, vis-tu humblement, et elle t’emporte, mêmement.
Dans son œuvre exterminatrice, la faucheuse n’épargne pas le nourrisson.
Et le vieillard connait le même sort.
Seigneur, depuis que tu as abandonné les hommes, N'entends -tu pas leurs supplices?- Nos vies sont variablement atrophiées, d’où notre amertume.
De jour comme de nuit, la mort arrache le souffle, au hasard d’un choix macabre.
Béni sois-tu, natif d’Olong,
Tu es le digne dépositaire des balafons qui donnent le rythme au chant philosophico- métaphysique.
Parce que tu es l’oint des Oracles, nous t’implorons afin que tu brises le mystère de notre existence.
Veuille élucider de par ton Verbe-Médium, l’aporie de la vie après la mort.
La mort, tu es insaisissable comme un fantôme dans la mangrove, Vilaine telle la vipère dans son environnement sinistre.
Fureur et émoi précède ton passage
Car c’est toi qui altère les arbres,
C’est toi qui décimes les animaux.
Sache que ton œuvre ne réjouit aucun être ici bas.
D’ailleurs, dans mon existence de philanthrope, mes contes et discussions interrogent incessamment ton acharnement injustifié sur la vie des hommes.
Du lointain, j’aperçois une foule en détresse, que se passe-t-il?
Et ces cris stridents, parviendront-ils seulement aux oreilles des disparus? Je suis consterné!
La Mort, dois-je t’assommer mortellement ?
Pourquoi manifestes-tu tant de haine à notre égard, du haut de ton trône lugubre ?
Je suis las de
pleurer,
La mort a décimé tant d’ hommes dans ce
monde .
Qui me procurera la propriété de l’immortalité Seule gage de la mystique absolue.
La Mort, dans ta haine viscérale
Tu m’as arraché à mon géniteur,
Et tu extermines le genre humain. Te réjouis-tu d’une telle oeuvre ?
Mon cher parent, je suis atterré !
C’est la mort qui me révulse
C’est elle qui m’étreint
J’ai vu mes semblables partir. Angoissé, j’attends mon jour.
Mais qui m’annoncera mon heure et ce jour?
J’ai connu trop de tragédies sur terre,
Maintenant, je veux rejoindre les miens, partis sur l’autre rive.
C’est Là-bas que la mort les retient, alors mes larmes n’ont plus de rémission.
Bien que la vie soit une bénédiction et la fortune son crédo, Je laisse derrière moi argent et maison, et surtout des enfants inconsolables.
Je suis las de
pleurer,
La mort a décimé tant d’ hommes dans ce
monde .
Qui me procurera propriété de l’immortalité Seule gage de la mystique absolue.
Fils d’Olong entends-tu tous ces cris de douleurs ?
Tout le monde pleure sans fin.
Frère, la mort est la malédiction absolue. […] "A ma regrettée dulcinée, je ne garde que le souvenir de ta nasse disparaissant sur le sentier qui mène à la rivière.
Allée chercher le poisson-de-vie, la mort t’a emporté, Nous refusant de fait des adieux. Je porte à jamais le deuil parce que je n’ai jamais vu ton cadavre. » […] « Fille d’ébène, ma chérie, tout l’amour que je t’ai voué n’a pas survécu à la mort, Seule responsable de toutes les tragédies terrestres, Adieu femme, la faucheuse m’emmène dans l’autre monde »
Pierre Claver ZENG EBOME