Les fèves de cacao
Petites fèves brunes
Mbo i keka, ngueng i keka
Frêles bourgeons caressés par les vents d’ici
Patiemment, vous mûrissez pour devenir la belle cabosse verte,
Puis jaune, le symbole de la richesse.
Joies des yeux et des cœurs de nos papas
Et délices des palais des amoureux.
Ton nectar, notre boisson, notre amour d’enfant,
Dégouline encore des paniers tapissés des feuilles de bananiers.
Et de nos langues, nous te lapions
Jadis, fèves, pour votre fermentation d’une semaine
Vous étiez soigneusement versées dans une grosse caisse en bois
Recouverte de feuilles de bananiers et hermétiquement fermée.
En l’ouvrant au septième jour, votre parfum emplissait la grange,
Des fèves blanches vous étiez devenues brunes.
Par votre fermentation, vous dégagiez une forte chaleur
Et maintenant vous étiez collées les unes aux autres.
On vous versait sur la claie, ékang é keka.
Puis les rayons du soleil vous doraient
Et vous débarrassait des bitibigui, tes impuretés.
À intervalles presque régulier, on vous retournait
C’était la besogne des enfants pendant deux semaines!
Chaque soir, vous étiez rangés dans les sacs, minkout mi keka
Et répandiez encore et davantage votre arome dans la nuit
Au quatorzième, les fèves étaient si sèches qu’elles avaient un bruit sonore.
Elles étaient prêtes pour la vente au Cendaec…
L’autre arnaque de nos parents.
La détérioration des termes de l'échange
Le contrôle des prix par les autres et les autres entourloupettes
La culture du cacaoyer, le jeu faussé à la base
source : Christophe DeGaulle
Par AYONG