LE SOUFFLE DES ANCETRES (DU RECUEIL LEURRES ET LUEURS, 1960, ÉD. PRÉSENCE AFRICAINE)

AYONG vous présente aujourd'hui un poème de BIRAGO DIOP qui nous a été suggéré par une fidèle internaute dont le pseudonyme est Afap.

Bonne lecture

LE SOUFFLE DES ANCETRES

 

Ecoute plus souvent

Les choses que les êtres,

La voix du feu s'entend,

Entends la voix de l'eau.

Ecoute dans le vent

Le buisson en sanglot:

C'est le souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis

Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire

Et dans l'ombre qui s'épaissit,

Les morts ne sont pas sous la terre

Ils sont dans l'arbre qui frémit,

Ils sont dans le bois qui gémit,

Ils sont dans l'eau qui coule,

Ils sont dans la case, ils sont dans la foule

Les morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent

Les choses que les êtres,

La voix du feu s'entend,

Entends la voix de l'eau.

Ecoute dans le vent

Le buisson en sanglot:

C'est le souffle des ancêtres.

Le souffle des ancêtres morts

Qui ne sont pas partis,

Qui ne sont pas sous terre,

Qui ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,

Ils sont dans le sein de la femme,

Ils sont dans l'enfant qui vagit,

Et dans le tison qui s'enflamme.

Les morts ne sont pas sous la terre,

Ils sont dans le feu qui s'éteint,

Ils sont dans le rocher qui geint,

Ils sont dans les herbes qui pleurent,

Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,

Les morts ne sont pas morts.

 

Ecoute plus souvent

Les choses que les êtres,

La voix du feu s'entend,

Endents la voix de l'eau.

Ecoute dans le vent

Le buisson en sanglot:

C'est le souffle des ancêtres.

Il redit chaque jour le pacte,

Le grand pacte qui lie,

Qui lie à la loi notre sort;

Aux actes des souffles plus forts

Le sort de nos morts qui ne sont pas morts;

Le lourd pacte qui nous lie à la vie,

La lourde loi qui nous lie aux actes

Des souffles qui se meurent.

Dans le lit et sur les rives du fleuve,

Des souffles qui se meuvent

Dans le rocher qui geint et dans l'herbe qui pleure.

Des souffles qui demeurent

Dans l'ombre qui s'éclaire ou s'épaissit,

Dans l'arbe qui frémit, dans le bois qui gqmit,

Et dans l'eau qui coule et dans l'eau qui dort,

Des souffles plus forts, qui ont prise

Le souffle des morts qui ne sont pas morts,

Des morts qui ne sont pas partis,

Des morts qui ne sont plus sous terre.

Ecoute plus souvent

Les choses que les êtres....

Par AYONG

Source: RECUEIL LEURRES ET LUEURS, 1960, ÉD.

PRÉSENCE AFRICAINE

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • Asong Zua

    1 Asong Zua Le 10/06/2014

    Magnifique poème.
    J'aime beaucoup.
  • Karim

    2 Karim Le 03/06/2014

    Je trouve que Afap a posé une très bonne question qui mérite une profonde réflection de la part de tous les enfants d'Afrique ainsi que sa diaspora. Entendons l'APPEL?
  • Obone

    3 Obone Le 03/06/2014

    Très profonds, merci a l'internaute
  • Moneekang

    4 Moneekang Le 02/06/2014

    Texte interessant, car nous sommes liés à nos ancêtres, même ceux qui le refusent
  • Isis

    5 Isis Le 02/06/2014

    Voilà quelqu'un qui sait d'où il vient
  • Afap

    6 Afap Le 01/06/2014

    Merci pour la dédicace Ayong.

    La voix du feu s'entend, entendons la voix de l'eau.
    Mais toutes ces voix comment faire pour les entendre?

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