Amilcar Cabral le combattant

Amílcar Cabral est né en 1924 à Bafatá, en Guinée portugaise actuelle Guinée-Bissau, de père Cap-Verdien et de mère Guinéenne. Apres avoir terminé ses études secondaires en 1945 il obtient une bourse, et va poursuivre ses études d’agronomie à Lisbonne au Portugal, période à la quelle beaucoup de portugais émigrent vers d’autres pays européens pour fuir le fascisme.

C’est dans cette atmosphère que Cabral, impliqué dans le mouvement étudiant, se familiarise avec la lutte, à travers la pratique de la lutte contre le fascisme. En Europe, la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire Francophone) et la maison d’édition Présence Africaine tout comme IASB (l’International African Service Bureau basé en Angleterre) dirigé par George Padmore (en collaboration avec Kwame Nkrumah et C.L.R James) agitent de plus en plus autour de la question de décolonisation des peuples Africains. La tenue en 1945 du congrès Panafricain à Manchester, inaugure une étape qualitativement nouvelle dans la phase de mobilisation pour la lutte d’autodétermination. A la même période à Lisbonne, Cabral et ses amis (Agosthino Neto, Mario De Andrade etc.) sentent de plus en plus la nécessité de créer des organisations indépendantes hors de contrôle de la gauche euro-centrique, regroupant les ressortissants des colonies lusophones. Ils sont convaincus du caractère inévitable d’un mouvement de « retour aux sources » pour entrer en complète symbiose avec les aspirations profondes des peuples Africains. Comme l’a illustré plus tard Cabral, « Notre travail a consisté alors à rechercher de nouveau nos racines africaines. Et cela a été si merveilleux, si utile et lourd de conséquences qu’aujourd’hui encore les fondateurs de ce groupe sont tous dirigeants des mouvements de libération dans les colonies portugaises. » Ses études universitaires achevées en 1952, Cabral décide de rentrer en Guinée Bissau pour contribuer à la libération de son peuple.

De retour en Guinée-Bissau comme ingénieur agronome, il entend contribuer à améliorer la condition de son peuple et mettre fin à la domination coloniale portugaise. La Guinée Bissau représente un échantillon des sociétés africaines actuelles : composition multi- ethnique et multi- religieuse, population à majorité rurale etc.

En 1956 il fonde, avec Luís Cabral, son demi-frère (futur président de la République de Guinée-Bissau), Aristides Pereira (futur président de la République du Cap-Vert), Abilio Duarte (futur ministre et président de l’Assemblée nationale du Cap-Vert), et Elisée Turpin le PAIGC (Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde), organisation alors clandestine. Le PAIGC se bat contre l'armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins, la Guinée Conakry notamment et la Casamance, province du Sénégal. Il parvient peu à peu à contrôler le sud du pays, mettant en place de nouvelles structures politico-administratives dans les zones libérées. « Personne ne peut douter, parmi notre peuple, comme chez tout autre peuple africain, que cette guerre de libération nationale dans laquelle nous sommes engagés appartienne à l’Afrique toute entière », déclarait il. Parallèlement, Amílcar Cabral déploie une activité diplomatique très intense pour faire connaître son mouvement et en légitimer l’action auprès de la communauté internationale. En 1972 les Nations unies finissent par considérer le PAIGC « comme véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert ».

Le 20 janvier 1973, à quelques mois de la proclamation de l’indépendance, un coup de tonnerre survient : Amilcar Cabral est assassiné à Conakry ! Les assassins sont des membres de son parti, le PAIGC, originaires de Guinée qui auraient commis le meurtre, espérant que les portugais leur donneraient l'indépendance à la condition que les cap-verdiens soient écartés de la direction du PAIGC. De plus, certains s’interrogent sur la complicité dont les assassins de Cabral auraient bénéficié jusqu’au plus haut niveau de l’Etat guinéen.

Toujours est-il que le 24 septembre l’assemblée populaire proclame l’indépendance, promulgue la Constitution et crée les organismes exécutifs correspondants. Malgré la disparition de son charismatique leader, le PAIGC a su conserver son unité et réaliser l’objectif pour lequel il a été créé. Le 10 septembre, le Portugal reconnaît l’indépendance de la Guinée ainsi que celle du Cap-Vert. Amilcar Cabral n’a donc pas eu le temps de voir l’aboutissement du combat pour lequel il a lutté pendant plus de 20ans.

Mais par son action, il entre dans l’histoire par la grande porte, comme un digne fils de l’Afrique et un des plus grands révolutionnaires africains.

Celui qui a combattu l’oppression toute sa vie, et qui a engrangé des victoires n’a pu percevoir les fruits de son combat. Mais comme il le disait lui-même que : « la lutte pour son peuple concerne tous les peuples d’Afrique » et cette lutte survivra après sa mort.

Par Ayong :

Sources : Wilképédia ; www.monde-diplomatique.fr

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • Ricky Nguema Eyi

    1 Ricky Nguema Eyi Le 07/05/2014

    Merci au site AYONG de nous faire (re)découvrir des hommes et femmes talentueux du continent noir et de la diaspora. Merci de nous faire redécouvrir ces figures emblématiques et héroïques qui ont fait la grandeur de l'Afrique. Encore merci. Et du courage pour la suite.

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