Qui se souvient de Pierre Mulélé aujourd’hui ? 4 ans après le cinquantenaire des « indépendances africaines » fêtées avec enthousiasme le 14 juillet 2010 à l’Avenue des champs Elysées, à l’exception notable de la Côte d’Ivoire. L’histoire de Pierre Mulélé qui a vécu dans l’ombre de son illustre leader Patrice Eméry Lumumba est édifiante. Comment alors peut-on assassiner des leaders indépendantistes alors justement qu’on accède à l’indépendance? 54 ans après, la question mérite d'être posée. Flashback sur l’histoire de ce héros méconnu de plusieurs africains. Mais, l'histoire de Mulélé peut comme bien d’autres avant et après lui nous édifier sur la réalité et les enjeux du monde dans le quel l’Afrique est dans une position plutôt passive. Pierre Mulele, né le 11 août 1929, est un homme politique du Congo-Kinshasa. Ancien ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de Patrice Lumumba, il a été à la tête d’un gouvernement de rébellion avec Antoine Gizenga comme Premier ministre en 1961.
Suite à l’assasinat de Patrice Lumumba et ses compagnons au Katanga le 17 janvier 1961, Mulélé et ses compagnons s'exilent et vont suivre une formation militaire en Chine pour combattre l’Armée nationale congolaise et du gouvernement mené par plusieurs Premier Ministre tel que Joseph Iléo, Cyrille Adoula, ou Moïse Tshombe. L'armée nationale congolaise est dirigée et encadrée par les militaires américains et belges, soutenus par la quasi-totalité des pays occidentaux dont la vision de Lumumba était considérée comme inadmissible compte tenue de l'importance stratégique du Congo. Pierre Mulele, ancien membre fondateur et secrétaire général du PSA (Parti solidaire africain), ancien ministre de l’Education dans le gouvernement Lumumba, fut ambassadeur du gouvernement de Stanleyville au Caire. Il revint au Congo (Zaïre) pour y animer le mouvement insurrectionnel et demeura dans le maquis à partir de 1963. Il mène la rébellion Maï-Maï dans la région du Kwilu en 1963 avant de s'enfuir au Congo-Brazzaville. Durant leurs actions insurrectionnelles, ses milices causent de nombreux morts parmi les colons européens, et détruisent les missions et œuvres tenues par les religieux chrétiens.
Le 2 septembre 1968, Pierre Mulele de son maquis de Kwilu apprend la concentration des lumumbistes au Congo-Brazzaville et décide de s’y rendre en vue de se concerter sur la lutte. Arrivé au Congo, le 13 septembre 1968, il est récupéré à partir de Ngabe par la gendarmerie qui le conduit à Brazzaville et le met en résidence surveillée. Il a un entretien le 14 septembre 1968 avec le président Marien Ngouabi, entretien durant lequel il met le président congolais au courant de son projet. Celui-ci par respect du principe de bon voisinage le dissuade et le convainc de la nécessité de négocier son retour au pays avec les autorités de Kinshasa, dans le cadre de l’amnistie générale qu’elles venaient d’accorder à tous les opposants politiques. En accord avec Mulele, le président Ngouabi en fait part à Monsieur Akafomo, alors chargé d’Affaires du Congo-Kinshasa au Congo, à qui il demande de transmettre ce vœu au gouvernement congolais.
En 1968, Joseph Désiré Mobutu, le président du Congo-Kinshasa, le convainc de revenir d’exil, lui promettant l’amnistie. Une fois revenu, Mobutu le fait torturer publiquement jusqu’à la mort, plusieurs sources affirmeent que son corps a été jeté dans le fleuve Congo. Dix ans plus tard, Joseph-Désiré Mobutu fit aussi assassiner un des fils de Pierre Mulélé ainsi que sa mère. Pierre Mulélé, sera reconnu comme martyr et héros national, car depuis 2002, une des plus grandes avenues de Kinshasa est renommée en son honneur avenue Pierre Mulélé. Nous ne pouvons que saluer cette décision du gouvernement Congolais d'honorer cet illustre enfant africain. Les jeunes générations doivent savoir le courage et l'amour de la patrie qui habitaient des personnages comme Pierre Mulélé qui ont donné leur vie en sacrifice pour que l'Afrique en général et le Congo en particulier se libèrent. Pierre Mulélé et ses compagnons ont posé une pierre d'un édifice qui se construit dans le temps et dans la durée, pendant que d'autres vont se sacrifier pour leur maître, AYONG tenait à rendre hommage aujourd'hui à ce héros national africain.
Par AYONG
Source : Wilképédia/www.congofurum.be