Nelson Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembu, du peuple xhosa. Cependant, c'est dans le village voisin de Qunu, qu'il passera son enfance. Dans une école tenue par des missionnaires protestants, son institutrice lui donne alors le prénom britannique de "Nelson" car elle avait du mal à prononcer son nom Xhosa Rolihlahla qui signifie "fauteur de troubles".
Mandela va très vite honorer son patronyme en poursuivant ses études à l'université de Fort Hare (sud) jusqu'au moment où il est exclu pour cause de conflit sur l'élection de représentants étudiants. Ne voulant pas retourner dans son village, Mandela s'enfuit, à 22 ans, à Johannesburg.
C'est là que le jeune Madidba, découvre ce qu'est véritablement la ségrégation dont sont victimes les noirs en Afrique du Sud. Il rencontre le militant anti-apartheid Walter Sisulu, qui deviendra son mentor et le fait entrer en 1944 au Congrès national africain, l'ANC. Il est alors à l’époque jeune clerc dans un cabinet d’avocats.
Avec Walter Sisulu, Oliver Tambo et d'autres jeunes loups, il fonde la Ligue de la jeunesse de l'ANC, plus radicale que le parti face à un régime qui a institutionnalisé l'apartheid en 1948. Il est encore un nationaliste africain qui ne veut plus de Blancs en Afrique du Sud en réaction au racisme du régime blanc de l’apartheid. Toutefois, Mandela décide de commencer la lutte sur le modèle de la désobéissance civile et la non violence chère à Gandhi, son modèle.
Mais une autre rupture idéologique attend Nelson Mandela, car suite au massacre de Shaperville le 21 mars 1960, avec une répression sanglante d'une manifestation dans un township, et l'interdiction de l'ANC la même année, font basculer la résistance pacifique dans la clandestinité. Abandonnant la non-violence, Nelson Mandela rentre alors dans le maquis. "Pendant 50 ans, l'ANC avait considéré la non-violence comme un principe central. Désormais, l'ANC devient une organisation qui rentre dans la lutte armée, et en juin 1961 Mandela fonde la branche armée de l’ANC, "Umkhonto we Sizwe" ("le fer de lance de la nation" en zoulou, abrégé en MK). Il sillonne clandestinement l’Afrique du Sud, et va faire plusieurs formations militaires dans plusieurs pays africains. Certains pays soutenaient l’ANC clandestinement, freinés par la puissance du bloc occidental qui apportait un soutient total au régime de l’apartheid. Mais seuls les pays du bloc soviétique ont apporté un soutient officiel à l’ANC. Fort de ces formations, les premiers attentats à la bombe, très artisanaux, sont perpétrés à Durban, Port Elizabeth et Johannesburg à la fin de l'année 1961. Ils visent surtout des centrales électriques et des centres de délivrance des laissez-passer aux Noirs.
Arrêté à plusieurs reprises, il fait partie, en 1962, des membres de l’état-major d’Umkhonto we Sizwe raflés à Rivonia, près de Johannesburg. Jugé pour "sabotage" et "tentative de coup d’Etat", Nelson Mandela est condamné à la prison à vie dans un procès où il apparait en tenue traditionnelle zoulou.
Mandela est alors considéré chez tous les alliés du régime d’apartheid, notamment les pays du bloc occidental, comme un dangereux terroriste à l’image de Ben Laden. Son nom restera d’ailleurs inscrit sur la liste des terroristes aux Etats-Unis jusqu'en 2008 !
Il passe 18 de ses 27 années de prison dans le bagne de Robben Island, une petite île au large du Cap. Soumis à un régime de détention draconien, Nelson Mandela ne répond plus qu'au matricule 46664. Son nom, son visage sont bannis d'Afrique du Sud. Durant sa détention, son épouse Winnie et ses camarades de lutte, font de lui le symbole de l'oppression de son peuple, tandis que le monde entier appelle à sa libération. Alors que le régime de l'apartheid, mis au ban de la communauté internationale, asphyxié par les sanctions, est aux abois, le prisonnier entame secrètement des négociations en 1986 avec ses geôliers. La chute de l’union soviétique modifie l’équilibre mondial, et le soutient du régime d’apartheid par les puissances occidentales n’est plus utile, ce qui contraint le régime à libérer le "détenu 46664" le 11 février 1990.
L'Afrique du Sud menace alors de sombrer dans les règlements de compte et la guerre civile. Mais Mandela a contribué à éviter le pire. Avec son ennemi d'hier, le dernier président de l'apartheid, Frederik De Klerk, ils réussissent à s'entendre pour organiser les premières élections multiraciales le 27 avril 1994. Pour avoir ainsi su dépasser leurs antagonismes et mené leur pays à la réconciliation, les deux hommes partageront le prix Nobel de la paix en 1993.
L'ANC remporte ce premier scrutin et Mandela devient le premier président de la nouvelle Afrique du Sud et cède 5 ans plus tard le pouvoir à l’âge de 81 ans à son successeur Thabo Mbeki. Mandela a su réconcilier victimes et bourreaux en les appelants à dépasser les rancœurs et les haines.
"Icône mondiale de la réconciliation" selon les termes de Desmond Tutu, adulé par les Noirs, respecté par les Blancs, dans un monde où la haine, la destruction de l’autre, la prédation,le mensonge, l’exploitation, etc. sont érigés en morale, Nelson Mandela est devenu pour toute l'Afrique du Sud "Madiba", son nom Xhosa réhabilité. Hospitalisé à plusieurs reprises pour une infection pulmonaire il n'avait pas fait d'apparition public depuis la coupe du monde 2010, s'enveloppant peu à peu dans une aura de héros mythique.
Madiba décède à l’âge de 95 ans le 5 décembre 2013 entouré de ses proches, des funérailles nationales lui sont organisées, faisant de Johannesburg la capitale du monde l’espace d’une journée. Tous ses amis de lutte et ses ennemis d’hier lui rendirent un dernier hommage. Madiba sera ensuite inhumé selon les rites et traditions Xhosa, lui qui ne s’est jamais éloigné de son africanité, car il a toujours prôné la renaissance africaine.
Par Ayong